« Bon, c’est censé se dégager dans la matinée », qu’on se dit sur le parking. L’Aiguille du Midi est complètement dans les nuages, il pleut sur les Aiguilles Rouges, tout va bien… On va quand-même monter, on verra bien.
Vers la moitié du premier tronçon, nous entendons un petit bruit sur la cabine. « Plic plic plic », que fait le petit bruit.
Bon, c’est pas grave, la pluie s’arrête au Plan. Poursuivons, donc. Avec la pluie qui reprend.
À l’arrivée à la gare supérieure, des flocons volent dans tous les sens, les nuages entourent le lieu, c’est le jour blanc. On va s’habiller chaudement. Nous descendons l’arête sans rien voir ni d’un côté ni de l’autre. Heureusement qu’elle est tracée ! Le vent givre tout ce sur quoi il a prise : corde, sac, piolet, cheveux…
Une fois sur le plateau du Col du Midi, ce n’est pas plus simple : nous sommes toujours en plein jour blanc et, n’ayant aucune idée d’où nous sommes, nous ne savons pas où aller. Après avoir erré un peu en suivant les traces, nous décidons de faire demi-tour pour récupérer la grosse trace du Tacul. Juste avant de la rejoindre, le miracle se produit : en moins d’une minute, la couche nuageuse se déchire et nous passons du jour blanc au ciel bleu. Sur le plateau, le temps s’interrompt. toutes les cordées s’arrêtent, évaluent leur position, et un certain nombre d’alpinistes (dont nous) changent carrément de cap.
Nous traçons ainsi à vue, sur un glacier bien bouché, en direction de la base du Triangle, où 6 personnes sont déjà engagées, dont 4 au niveau de l’étranglement médian. Tentons malgré tout !
Si les nuages se sont dispersés, le vent n’a pas faibli et, en conséquence, les spindrifts dévalent la voie.
Nous nous équipons, et décidons de partir à corde tendue 25 m avec 2 points entre nous. Sur le papier, ça sonne pas trop mal. Mais en remontant le cône de dépôt des coulées de la face, sous la rimaye, je me rends compte que poser un point sera impossible avant un bon moment. En plus, je me sens vraiment fatigué. La rimaye n’est plus très loin : on avisera au-dessus. Un mètre au dessus… Une fois franchie, j’aménage en effet rapidement une petite plate-forme et installe un relais sur corps-mort pour faire monter Jéromine. Lorsqu’elle arrive au relais, elle est dans le même état de fatigue que moi (surtout après avoir enchaîné journée de boulot, fin à 23h30 et lever à 5h30). Pendant que nous discutons de quoi faire, un bloc de glace gros comme le poing descend d’au-dessus et me tape l’arrière du genou.
En bref, ça a l’air bien mal parti, nous redescendons sur le plateau, et allons manger à proximité du Col avant de remonter à l’Aiguille (dure remontée…)
Les photos ? Elles sont là.